© Photos – François Gamache
Alan Lake Factori[e] est une compagnie de danse contemporaine pluridisciplinaire basée à Québec, créée en 2007 par le chorégraphe et réalisateur Alan Lake. Ce dernier développe une approche se situant au carrefour de la danse, du cinéma et des arts visuels. Ce croisement contribue directement à définir le langage unique de la compagnie en faisant naître des univers bruts et symbolistes dans lesquels l’humain, totalement imprégné par son environnement, évolue. Elle se consacre aussi à promouvoir la danse contemporaine et la recherche chorégraphique par le biais de spectacles, d’ateliers, de stages, de conférences et autres activités connexes. Profondément engagée dans la communauté de la danse à Québec, la compagnie mène des projets d’envergure qui contribuent à l’effervescence de cet art dans la capitale nationale et ailleurs.
Toutes saluées par la critique et le public, ses œuvres jouissent d’une diffusion toujours de plus en plus importante. Ainsi, les projets Chaudière, déplacement et paysages (2009) et Là-bas le lointain (2012) font naître chacun un film et une œuvre scénique et sont diffusés notamment par La Rotonde à Québec. En 2015, le spectacle Ravages, présenté à Montréal et à Québec, pousse encore plus loin la démarche proposée dans les précédentes réalisations. Cette fois, deux films de danse émergent du projet : Jardins-Catastrophes (2014), qui est diffusé au Québec et dans divers pays, et Ravages (2015), un film plusieurs fois primé, qui parcourt actuellement les festivals à travers le monde. En 2016, la création «in situ» Les Caveaux, pièce audacieuse, créée et présentée dans un vieil entrepôt désaffecté de Limoilou, ouvre la dernière saison de La Rotonde. Par la suite, Alan Lake Factori[e] poursuit ses recherches en créant Le cri des méduses (2018), un projet colossal qui se décline en un film de danse et une grande forme inspirés du célèbre tableau le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault. En 2021, Alan présente au public Le Cycle des parades, une œuvre multidisciplinaire qui le plonge au carrefour de la danse, du cinéma et des arts visuels. À la source de ce projet d’envergure : trois traces artistiques, trois formes d’expressions distinctes (une performance In Situ, un films et un spectacle sur scène) qui n’ont de cesse de se nourrir, s’enrichir et communiquer entres elles afin de créer une trilogie chorégraphique qui révèle aux spectateurs.trices un univers brut et symboliste. De ce travail exploratoire est né, L’effritement des parades, la quatrième œuvre scénique du chorégraphe. En 2023 alors que ces pièces précédentes Le cri des méduses et L’effritement des parades continuent de voyager à travers le monde, il lance la création de sa nouvelle oeuvre à grand déploiement Orphée en collaboration avec le Théâtre du Trident.
© Photos – François Gamache
Quelques mots d'Alan Lake
J’explore la relation étroite qu’entretient le corps avec son environnement. Mes œuvres prennent donc toujours racine dans des lieux choisis pour leurs pouvoirs évocateurs. S’érigeant dans ce contexte «in situ», la danse devient alors indissociable d’un milieu avec lequel elle est en constante interaction. De cette première étape de création résulte soit un film de danse, soit une présentation publique sur place. Par la suite, je procède à une transposition de ce travail initial pour sa diffusion en salle de spectacle. Je m’affaire donc à établir, grâce à une scénographie alliant installation sculpturale, matière brute et projections vidéo, un espace où l’essence du lieu précédemment investi vient se fondre aux paramètres scéniques. Ce nouvel environnement me permet de renouveler mon questionnement sur l’interrelation entre la danse, le territoire, l’art visuel et l’image en mouvement. Mes mises en scène révèlent alors les traces d’un passé évanoui qui s’arrime à la nature sauvage afin d’installer en filigrane les bases de sortes de sanctuaires. C’est dans ces arènes que mon écriture chorégraphique donne forme à d’étranges rituels païens, où les interprètes s’engagent avec fougue dans l’exploration de l’immédiateté du corps, de son souffle, de sa chair et de ses articulations. Ils tentent d’y comprendre leur propre présence tout en évoluant en présence de l’autre.
À travers ce processus, j’utilise la notion de «paysage» pour sa fonction picturale et sa fonction évocatrice. J’extrais du corps et de la matière leurs valeurs «paysagères» pour voir quels types de réalités peuvent y être dévoilées : l’ordre et le désordre, le tragique et le magnifique, la polarité du réel. Au fil du temps, l’évocation du cycle de la vie et de la mort est devenue récurrente dans ma démarche. À travers ce thème, je parle de la perte, de la trace, du sublime et de la mémoire corporelle.